En ce dimanche d’octobre ensoleillé, j’ai mission d’aller chercher notre professeur  Monsieur Jean Renier qui nous enseignait les mathématiques en 1961 à l’Athénée royal d’Auderghem – section latin/Math. Le GPS m’indique 4 km de chez moi jusqu’à sa demeure de Woluwé ; j’en ferai 11 pour cause de marathon de Bruxelles !
Je n’ai pas besoin de sonner, il m’aperçoit de sa loggia et en deux bonds se trouve à ma voiture. C’est qu’à plus de 80 ans il est toujours aussi fringant !
 
Il m’explique d’ailleurs que son hygiène de vie y est pour quelque chose n’ayant jamais fumé et beaucoup nagé et marché – je le vois encore, dès qu’il avait une heure de fourche, partir d’un pas alerte vers le parc de Woluwé se changer les idées… Pensionné à 55 ans, il jouit toujours d’une agréable retraite qui l’a mené dans des résidences  au Maroc et en Sicile (aux pieds de l’Etna !) et maintenant en Espagne où il se rend régulièrement en voiture.
Sa vocation d’enseignant, il l’a eue très tôt et a toujours eu le souci de bien préparer les élèves aux hautes études – il est par exemple un des premiers à avoir enseigné en Rhéto intégrales et dérivées alors que ce n’est rentré dans le programme que depuis une dizaine d’années. Jeune homme pendant l’occupation, il y subit une expérience douloureuse : raflé par la police allemande, il est rasé à la baillonnette et manque de peu (à 1 an près) d’être envoyé sur le front de l’Est ! Voilà comment la Wehrmacht recrutait sa chair à canon pour les orgues de Staline… S’occupant de comptabilité complexe dès l’adolescence il obtiendra rapidement tous les diplômes nécessaires pour enseigner d’abord 4 ans à Tournai, puis à l’ARA. Il a la bonté de dire qu’il se rappelle de moi et de quelques autres et de n’avoir que de bons souvenirs de toutes ses années d’enseignement d’une matière qui l’enchante et l’intéresse toujours.

Marc Hérouet