Danielle DETIENNE    
Chers anciens et anciennes,
 
Je réponds avec plaisir à la suggestion de rédiger un « bref » aperçu des cinquante ans qui ont suivi notre rétho : il n’est pas fréquent  de pouvoir parler de soi sans agacer ou paraître narcissique. De surcroît personne ne m’interrompra !
 
De prime abord j’avoue ne pas m’être reconnue sur la photo de classe jointe à l’invitation. Claudine a dû me confirmer que cette élève boudeuse était bien moi et m’a rappelé que j’étais furieuse d’être séparée de Walter … quelle mémoire !. Heureusement, il y en a d’autres.
 
Après la rhéto, je me suis tâtée … Sur le panneau d’affichage de l’Athénée  une annonce de la Sabena avait attiré mon attention : « Jeunes filles, devenez hôtesses de l’air ». Je n’avais pas encore les 21 ans requis, ma connaissance des langues était limitée et … j’avais des complexes (oui-oui, malgré ma grande g….le).
Pour parfaire ma connaissance des langues, je m’inscris à l’Institut de Traducteurs-Interprètes où je passe deux années de cours extrêmement enrichissants. Puis, comme je m’étais cassé la jambe et que six mois de plâtre l’avait réduite à un bâton, il fallait qu’elle ait retrouvé son galbe (!) pour que je puisse poser ma candidature à la Sabena.  Une amie de mes parents, professeur, me suggère d’entrer à l’Ecole Normale Berkendael en attendant. Pourquoi pas ? Cela me ferait une carrière possible au cas où la Sabena ne voudrait pas de moi.  De surcroît, suivre le chemin de nos super profs me séduisait. J’ai déchanté lorsque je me suis trouvée devant des élèves nettement moins motivés que nous l’avions été.
La professeur(e) de morale de l’Ecole Normale nous avait ouverts à la grande idée d’une Europe unie. Je me suis investie dans les Jeunesses Européennes de Belgique au point de devenir présidente francophone pendant un an (durée du mandat) !!! Le mari de mon prof était Chef de Cabinet de l’Education nationale et à chaque manifestation, congrès etc. je me baladais dans la voiture du Ministère avec chauffeur !!! (snob ? mais pas du tout !). Cette époque a été féconde en contacts intéressants. Lors d’un congrès en Italie j’ai même rencontré et discuté avec Aldo Moro – peu de temps après, il fut enlevé et assassiné.
 
Cependant la Sabena était toujours dans un petit coin de ma tête. J’avais 24 ans, j’avais pris de l’assurance et je pouvais prétendre être polyglotte, le moment était venu de poser ma candidature : acceptée, me voilà propulsée dans les airs !
J’ai volé pendant presque 10 ans, de 1966 à 1975.
Mon premier décollage en Caravelle m’a tellement impressionnée que j’ai décidé de pouvoir aussi piloter : j’ai appris à Grimbergen et obtenu la licence de pilote privé. Expérience passionnante.
 
 
A bord, sur un vol vers Kinshasa, j’ai rencontré un médecin qui y était installé. En 1975 il a daigné m’épouser – j’étais déjà une « vieille» de 33 ans mais il n’était plus tout jeune non plus, 15 ans de plus que moi …
Je n’ai pas d’enfants à moi – j’ai tenté d’élever les deux fils de mon mari qui avaient 10 et 11 ans quand je me suis mariée. Pas du gâteau … être belle-mère ! D’autant plus que la mère était dans la même ville avec son deuxième mari – tous les divorcés connaissent le jeu de yoyo des enfants, se faisant gâter par l’un quand l’autre est réticent.
J’ai vécu 13 ans là-bas. La vie y était assez superficielle, la bibliothèque de mon mari ne contenait que des polars,  on jouait au golf, au tennis, on se recevait les uns les autres, on dansait sur tous les tubes de ces années-là, bref, s’il n’y avait pas eu les études des gosses, ma « culture » se serait envolée,  Internet n’étant pas encore né.
Nous sommes revenus en Belgique en 1988.  Cinq ans après notre retour mon mari est décédé, à 65 ans. 
 
Depuis 1996 je vis en France, dans un petit village médiéval, à une quinzaine de kilomètres de Nîmes,  avec mon compagnon architecte. Lorsque je vivais à Kinshasa, j’ai travaillé à mi-temps comme secrétaire dans son bureau d’architecture. C’est grâce à ce travail que j’ai découvert les ressources de l’ordinateur : traitement de texte, calculs, bases de données.  Il était revenu chez lui en France après les émeutes et pillages au Zaïre en 1991. Nous étions restés en contact. Il était divorcé donc célibataire, moi, je l’étais redevenue, « je te plais, tu me plais » et voilà ! Nous ne nous marierons pas, nous tenons à notre liberté - relative !.
 
Contrairement aux idées reçues sur l’accueil que les autochtones du Midi réservent aux étrangers, il ne nous pas été difficile de nous intégrer dans la vie du village. Il faut évidemment « donner du sien » et ne pas « la ramener ».
Montpezat (Gard) était un village fortifié qui a connu une histoire mouvementée. Je m’y  suis intéressée, j’ai lu le peu qui avait été publié et j’ai réuni en un seul document les éléments disparates que j’avais trouvés. J’ai ajouté à ce travail des informations recueillies auprès des habitants et leurs souvenirs du passé. Cela m’a pris évidemment pas mal de temps. Récemment j’ai proposé mon travail au Maire et nous complétons le site de Montpezat avec la présentation du village.  Pour l’instant le dossier est encore lourd et se charge lentement mais quand les chapitres seront scindés par l’informaticien de service, le site sera plus accessible.  Vous pourrez le découvrir sur Google en tapant « Montpezat Gard » puis choisir « Patrimoine ».
 
Et voilà l’travail ! Je constate que 50 ans de vie sont difficiles à résumer. Mon parcours n’a pas été très intellectuel mais j’ai appris beaucoup de choses, rencontré des gens attachants et ne me suis jamais ennuyée.
 



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