Jean Puissant      
Né à Uccle en 1942, Jean Puissant a été attaché de recherches à l’Institut belge de science politique, professeur d’histoire et de géographie aux lycées de Touggourt et de Laghouat en Algérie et aspirant au Fonds national de la recherche scientifique (FNRS). Docteur en philosophie et lettres (section d’histoire) de l’ULB (1974), il est chargé de recherches au FNRS (1975-1979) et professeur visiteur à  l’Université de Bujumbura au Burundi entre 1975 et 1977.
 
Prix de l’Académie royale de Belgique, Jean Puissant est aussi l’initiateur et le cofondateur de l’Association belge des Historiens contemporains, dont il a assuré le secrétariat de l’aile francophone jusqu’en 1982.
 
Chargé de cours (1980), professeur (1991) et président de la section de communication, information et journalisme (1992-1996) de l’ULB, il enseigne l’histoire générale, l’histoire du travail et des villes ainsi que l’histoire de l’énergie. Il est spécialiste de l’histoire sociale, urbaine et des mouvements ouvriers. Entre 1994 et 2000, il assume les fonctions de vice-recteur aux Affaires étudiantes de cette université.
 
Président de La Fonderie depuis 1992, vice-président du Conseil de l’Éducation permanente de l’ULB (1985), Jean Puissant est aussi à la tête du Comité scientifique de l’écomusée de Bois-du-Luc et membre du Conseil supérieur des allocations d’études de la Communauté française.
 
L’envoi de cette présentation (2007) qui n’est pas de moi mais le résultat d’un complot adultérin  « à l’insu de mon plein gré », accompagné d’une photo en pleine activité sur « mon bateau » (nous sommes en fait 22 à pouvoir revendiquer cette propriété) résulte de la pression exercée sur nous par un groupe affamé de révélations après une si longue absence. Non d’une indifférence coupable. Magna culpa mea. Voici donc le récit explicatif à la première personne tout aussi douteux d’ailleurs qu’à la troisième.
Etudes en histoire, militance (paix en Algérie, marches anti atomiques, débuts du syndicalisme étudiant, lutte contre les « maos »…) se mêlent pendant 4 ans. A la vie sentimentale aussi puisque j’ai deux « enfants » à l’automne 1965, un beau garçon (il est toujours beau) et un mémoire de licence honorable. Un contrat de recherche s’ouvre immédiatement (Claudine a raison c’est la grande différence des « golden sixties » avec notre époque).  Mais l’objectif, c’est l’Algérie. Avec la future mère de mes enfants (institutrice), nous avons, durant l’été 1964, participé à la formation d’alphabétiseurs à Dellys, (petite Kabylie). Pour éviter le service militaire existe désormais le service civil (grâce à Jean Van Lierde dont le combat a abouti au statut d’objecteur de conscience), je démissionne et nous partons à Alger où je parviens à obtenir un poste de contractuel (droit commun : comme je me suis félicité d’avoir fait de la coopération sans avoir le statut de coopérant !) au ministère de l’éducation algérien. Suivent trois années (1967-70) d’enseignement à Touggourt et Laghouat (dépt des Oasis) à la grande horreur de nos amis algérois pour qui le Sud représente la banlieue de la barbarie. Trois années inoubliables de Sahara quitté pour raison de bourse FNRS pour ma thèse de doctorat. Outre un second fils tout aussi beau, ce séjour m’a énormément apporté, fait comprendre et réfléchir. L’irrésistible attraction du désert, l’extraordinaire hospitalité de ses habitants, l’horrible inégalité entre hommes et femmes (dès le plus jeune âge) cause de tant de détresse et de pauvreté, les drames de l’arabisation (pourtant compréhensible mais pas comme cela) confiée à des enseignants originaires du Proche-Orient souvent relégués par leur gouvernement. J’écris à l’époque à mes parents que dans vingt ans cela risquerait de mener à la catastrophe (erreur la guerre civile a éclaté seulement 25 ans plus tard). Retour en Belgique, désarroi devant une société occidentale (les salamalecs ne sont plus de mise), de surcroît ébranlée par mai 68. Thèse de doctorat sur les mineurs borains. Je quitte la femme de mon devoir pour celle, admirable, de mon avenir. Caramba, raté ; la thèse est défendue avec un mois de retard pour poursuivre un cursus linéaire au FNRS. D’où un parcours syncopé caractérisé longtemps par le travail plein temps et la rémunération à temps partiel. Assistant, chargé de cours, professeur extraordinaire bientôt à charge complète (j’aurais bien conservé cette dénomination plus prestigieuse me semble t’il que celle qui suit ; « professeur ordinaire »), ordinaire, de l’université (aujourd’hui), émérite demain. Suivent, un nombre croissant de cours, d’étudiants (j’ai abandonné le décompte à trente mille en 2003), de charges administratives et autres babioles. Heureusement j’ai commencé à avoir de chouettes assistants, tous des amis aujourd’hui. Entretemps, par trois fois, j’ai passé deux mois au Burundi, comme professeur invité (1975-1977) à l’université de Bujumbura où j’ai essayé de donner des cours du style : cela ne peut continuer comme cela, il faut modifier le cours des choses. Peu au paravent, de terribles massacres avaient eu lieu. Il n’y avait plus aucun étudiant Hutu. Massacres, contre massacres se sont succédé depuis l’indépendance au Rwanda, comme au Burundi, jusqu’au terrifiant génocide Rwandais, auquel nous avons assisté, horrifiés, en direct à l’heure du dîner. Pendant six ans, la participation au soutien de la CFWB à une chaire UNESCO « la femme et ses droits » au Maroc m’a amené à renforcer la conviction que l’égalité homme/femmes est un des clés de l’avenir, non pas tant par soucis d’égalité (que je partage), mais par soucis d’enfin lutter efficacement contre la pauvreté dans le monde (voir Amartya Sen). C’est le sens de ma réponse au questionnaire diabolique de Marc.
La page de l’université n’est pas entièrement tournée. Le Cepulb (l’université de tous les âges), depuis vingt cinq ans, qui accueille (notamment) avec plaisir les exhibitions de Marc, me permet de soutenir et d’encourager la vulgarisation scientifique. Chaque mois, je consacre un après-midi au conseil d’appel des allocations d’études de la communauté française comme représentant de l’ULB et de l’enseignement supérieur non confessionnel. L’enseignement non plus puisque chaque semaine je martyrise des élèves du secondaire dans une « école de devoirs, aide aux études » de « La Rue » dans le bas de Molenbeek
 
Par ailleurs, La Fonderie, musée de l’industrie et du travail de Bruxelles que j’ai contribué à créer il ya bientôt trente ans, l’Ecomusée du Centre à Bois du Luc (vous ne connaissez pas ? l’un des sites charbonniers les plus exceptionnels du monde, d’une société charbonnière capitaliste les plus anciennes, sinon la plus ancienne du monde 1685), le Saicom (Sauvegarde des archives industrielles du Couchant de Mons), également à B d L à La Louvière, causent beaucoup de soucis et apportent de non moins nombreuses satisfactions.
 
Eliane Gubin et moi avons été entraînés dans le travail qui est devenu notre principal passe temps et qui n’a pas cessé jusqu’à nos jours. C’est devenu une véritable assuétude. La faute remonte à celui ou à ceux qui nous ont placés dans le même bureau. Elle a beaucoup publié, si nous avons constamment travaillé à deux, nous avons rarement publié ensemble. C’est un véritable bulldozer mais pleine de finesse. Il reste des projets communs. Elle demande néanmoins parfois « Quand est-ce la retraite de la retraite ? »
La famille, quatre « beaux enfants », trois « belles belles filles », six « merveilleux » petits enfants (de 15 à 4 ans). Enfin… l’aîné qui vient de doubler, on se demande pourquoi ? Mais ai-je des leçons à donner en la matière ? Le troisième, bilingue, qui saute les classes comme les moutons, un cinquième qui vient d’entrer en première primaire et qui lit en français et en italien. Une petite fille charmante mais qui peine par rapport à tous ces mecs (et qui cherche l’équilibre à l’Ecole du cirque). Combien les jeux de rôle sexués sont précoces ! Le 2e, un peu poète qui provoque la frayeur lorsqu’il nage vers la haute mer, au point qu’on perd de vue sa tête blonde. Le petit dernier « crollé » comme son grand père à son âge qui suscite l’admiration enthousiaste des dames d’un certain âge et qui leur tire la langue en guise de remerciement. La famille disais-je, après « les anciens » accompagnés vers la sortie (il me reste toutefois une cousine proche de 87 ans qui court comme un cabri), prend plus de temps et donne plus de plaisirs et beaucoup de bonheur. Sans parler des amis…
Fin, enfin… ! (dans les deux sens).Je n’y suis pour rien, c’est Nadia (vous avez remarqué, il faut toujours un bouc émissaire) qui m’a poussé à confesse.
 



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